dimanche 18 avril 2021

I don’t Give a fuck…

 

Cette semaine, c’est officiellement mon retour au travail. Enfin, je vais pouvoir échanger mon kit en monochrome de gris et mes souliers blancs pour un « outfit » un peu plus sophistiqué pour courir le centre-ville en talon haut sans tomber. Quelle mission excitante!

La vie reprend son cours tranquillement pas vite...

Une semaine tout en douceur, où j’ai reçu une énorme vague d’amour de mes collègues de travail et de mes clients. C’est si bon de se sentir apprécier pour sa personne, mais aussi, dans la reconnaissance du bon service que je leur donne. Je n’ai jamais eu aussi hâte de retourner travailler.

Cette semaine, c’est officiellement mon retour au travail, mais aussi, je vais formellement fermer le livre de notre histoire. Une grosse brique pleine de chapitres de notre vie qui aura durée dix ans.

Une semaine tout en douceur, où j’ai reçu une énorme vague d’amour et d’encouragements de mes amis, de ma famille et de l’Amireux.  Merci, mes personnes d’exception, d’enjoliver ma vie et de me rappeler que je suis belle, bonne, fine, mais surtout capable.

Si je recule d’il y a quelques mois, j’écrivais encore le livre de notre vie. Nous avions tout ce que le monde voulait : une belle histoire d’amour, un chalet, des voyages, des folies, des fous rires, des projets… J’avais peur de rien et tout ce que je voulais, c’est d'être avec toi. Tu étais ma vie, tu étais ma famille, tu étais mon meilleur ami. De plus, je méditais déjà sur le tome deux de notre livre qui commençait avec l’enfant que je n’aurai jamais. Dans mon cas, ce n’est pas moi qui ai frappé le mur, mais c’est le mur qui m’a frappée. Et puis là, je me suis retrouvée devant rien, un livre entre les mains à peine fini.

Malgré la belle semaine qui s’était amorcée, j’avais le vertige. Je vais officiellement devoir fermer le livre de notre histoire et je vais surtout devoir te revoir.

Je ne l’ai pas vu depuis plus de trois mois. C’est certain que j’y repense encore occasionnellement sous forme de « flashback ». Souvent, je me réveille en pleine nuit, en sursaut, en ayant la nette impression qu’il me touche avec ses grosses mains ou qu’il entre dans le lit nuage en essayant de faire « fitter » son grand corps pour venir dormir avec moi. Je ne peux malheureusement pas effacer dix ans de ma vie comme dans le film « eternal sunshine of a spoless mind ».

Je suis humaine et il m’arrive d’avoir des faiblesses. C’est là que je « pop » une zopiclone pour m’endormir et ne plus penser.

Anticipation. J’ai peur de recevoir une décharge électrique dans mon cœur, qu’il arrête de battre et que je recule des semaines en arrière la face à terre sur la céramique de ma cuisine. J’ai fait beaucoup d’efforts pour être devenue ce que je suis aujourd’hui, dans le moment présent et c’est là que je veux rester. Par contre, je suis un être humain et je suis consciente des réactions que je peux avoir. Il s’agit quand même de ma plus grande histoire d’amour, mais probablement, de ma plus grande peine d’amour. J’espère que je vais le trouver laid. J’espère ne rien sentir. J’espère ne pas trop être nerveuse. J’espère ne pas trop avoir l’air conne.

Cette semaine, je vais mettre le livre de notre histoire sur la plus haute tablette de mon garde-robe avec tous nos souvenirs et en terme de matériel, je vais officiellement n’avoir plus rien, juste ma peau.

J’ai dilapidé tout mon Celi jusqu’au dernier sous. J’ai laissé 200$ dedans afin de me déculpabiliser. Je me console en me disant que quand je vais sortir de chez le notaire, je vais être riche.  Ce n’est toujours pas concret ce que je vais faire de toute cet argent, mais bon. Une chose à la fois. J’ai réalisé que je n’avais pas besoin de grand-chose pour être heureuse. Je suis déjà riche de toutes pi en plus, ce n'est pas la première fois que je le dis.

Cette semaine, je vais devoir affronter mes peurs et être dans la même pièce que toi. La veille, l’angoisse m’a prise dans ses bras et j’ai dû outrepasser la posologie de zopiclone pour être capable de dormir au moins 5 heures.

Lorsque je suis entrée dans la pièce, tu n’as même pas daigné me regarder. Par chance, je n’ai rien senti, aucune décharge électrique, aucune tristesse, aucun regret…. Rien…. J’avais un fou rire. Quel malaise pour les employés de ce bureau. J’ai voulu casser la glace au lieu de rire comme une fille beaucoup trop nerveuse.

-          Comment a été la route?

À la limite, j’aurais pu parler de météo et cela aurait été la même chose. Bref, nous étions rendus là et moi, j’étais déjà tellement ailleurs. Quand j’ai vu ton visage, j’ai compris toute la honte et la douleur que tu traversais. Celle que j’avais vécu, il y a de ça tellement longtemps. Tes yeux étaient vitreux, ton regard rougis, cerné, ton teint était gris, tes cheveux désordonnés et tu avais l’air de ne pas sentir bon.

Il a quand même fallu que nous soyons côte à côte. Tu pouvais sentir mon odeur, voir même te planter le nez dans mon cou, tellement tu étais proche. Je sentais le malaise, mais heureusement ce n’était pas le mien.

Lorsque le notaire nous a annoncé les montants que nous recevions, je voulais m’esclaffer, mais comme j’ai encore un peu d'amour et de la compassion pour toi, je n’en ai rien fait. Hashtag franchement mature!

Cette semaine, je vais réellement dire que je suis ailleurs et que j’ai passé à autre chose…

Je m’attendais à ce que tu me fasses des excuses ou du moins que nous ayons une petite conversation de courtoisie. "Next thing i know", j’avais mon longboard dans une main, ma clé usb de l’autre et tu me "shootais" : Bye Stef! Je n’avais même pas eu la chance de placer un mot. Dans ma bagnole, je pouffais de rire. Tout ce que j’avais retenu avec nervosité. Avoir su que tout ça aurait été aussi facile. 

Je suis Stéphanie next level, je suis ailleurs et je ne sens plus rien pour toi.

Finalement, j'ai trouvé le titre de notre livre : I dont give un fuck. 

Fuck, le titre a déjà été pris. 

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