Je n'ai pas envie de partir. Je n’ai surtout pas envie de me réveiller, sortir de son lit et affronter sa belle face avec ses « piercings » symétriques.
« fuck » J’ai pas le choix, il faut que j’aille
faire pipi.
Double « fuck » où son mes bobettes?
Dans cette maison hors convention, il y a des miroirs
partout. Donc, il a fallu que je m’affronte avant d’aller à la salle de bain. J’ai
la face d’une fille qui a vraiment aimé sa soirée. Je prends mon courage à deux
fesses et je me sors. Je me faufile telle une gamine qui pense vraiment que
personne ne va la voir.
Mes cheveux sont un peu moins beau, mais j'ai un « fucking » sourire niaiseux.
Il faut que je me serve un café avant de partir en guise de
claque sur la « gueule ». Je ne me souviens plus si nous avons dormi.
J’adore comment je « feel » et va falloir que je convainque mon
entourage que je ne consomme aucune drogue. Mais j’aime ce sentiment. Je pense
que c’est l’euphorie du moment présent.
Tu le veux dans une tasse pour emporter?
Sursaut, je venais de me faire pogner. En même temps, c’est
pas comme si j’étais bien caché. Je m’étais « plugger » devant la
machine à café vintage, filtre à café en essuie-tout, très créatif, à rire en
silence des conneries que je racontais la veille ou mes péripéties
rocambolesques aux premières personnes de ma liste de messages textes et tout ça
en bobette. J’ai de la matière pour écrire au moins trois livres. Je me sens
légère, j’ai 38 ans, sans horaire et mon cœur fait des coups de tambour en me
disant : j’existe encore grosse conne!
Il va falloir qu’il se calme lui d’ailleurs. Je vais bien et je n’ai pas envie de retomber. Après tout, je peux encore décider de le remballer, de le cloitrer ou même de l’empaler si je veux.
Je ne sais toujours pas comment
je suis rentrée chez moi comme si ma voiture s’était téléportée trente-cinq
minutes plus loin.
J’ai faim, j’ai « fucking » faim, je suis en
carence dans tous les sens du terme. Incapacité à faire face à mes responsabilités
et absence ou insuffisance d’éléments indispensables à la nutrition. J’ai besoin
de mon trip de bouffe et de mon lit nuage pour aller rêvasser et étirer cette
euphorie qui ne me déplaît pas du tout. Stephanie secondaire 5 n’est plus, j’ai
régressé en secondaire 3 quand je repense à tout ça.
On est supposé se revoir ce week-end.
« Fuck » la journée va être longue.
Double « fuck », on est juste lundi.
Je sais plus trop qu’est-ce que je peux faire pour passer le
temps. C’est le moment de sortir le ukulélé. Je veux faire un spectacle à mon
père pour lui montrer comment je suis bonne d’enchainer deux accords et de
chanter en même temps. Stephanie secondaire 3.
Je vais en avoir pour un bon deux minutes.
Papa, je ne consomme aucune drogue, j’ai juste un sourire
niaiseux et je veux que le temps passe.
Est-ce que s’est permis, à ce point, de lui dire que j’ai
déjà hâte de le revoir? Je suis vraiment pas « game ». Je me sens
légère, j’ai 38 ans, sans horaire, rien à faire et mon cœur fait des coups de
tambour en me disant : j’existe encore grosse conne!
Ce qui est sympathique, c’est qu’il m’écrit souvent ce qui
me trotte dans la tête… Merci de me devancer.
-
Dommage, j’aurais bien apprécié la présence d’une
jolie patineuse ce soir…
Et puis là tu as toutes les questions qui défilent dans ta tête :
Trop tôt? Trop vite? Faudrait être raisonnable? Et j’en passe. La vie n’attend
pas, c’est maintenant. Le pire qui pourrait m’arriver c’est que mon sourire
niaiseux va avoir fendu jusqu’à mes oreilles et que je passe pour une « crisse »
de débile demain. Papa, je te jure que je ne consomme aucune drogue.
Je me sens légère, j’ai 38 ans, sans horaire, disponible et
mon cœur fait des coups de tambour en me disant : j’existe encore grosse
conne!
« Fuck » que c’est agréable tout ça…
Double « fuck », ça fait deux jours que j’ai pas
dormi…