Inspiration...
Déjà trois heures que j’essaie de dormir. Dans mon rêve, j’essayais aussi de trouver le sommeil. Alors, je ne peux même pas dire si j’ai dormi ou pas. Et hop, une autre zopiclone pour faire stopper je ne sais trop quelle angoisse. Mon cœur panique, il fait des culbutes comme si j’avais couru un marathon. Mais il a peur de quoi ?
Je suis prisonnière de ma tête
qui portant est vide et je n’arrive toujours pas à mettre le doigt sur le sujet
de mon angoisse passagère. Par le temps que mon comprimé pour dormir fasse
effet, j’inspire et j’expire profondément afin de me relaxer le cerveau et je
repense à moi, il y a quelques semaines. Complètement à terre, dysfonctionnelle,
ma bouteille de gin à la main. Le mal à dit.
Expiration...
J’ai eu l’air
innocente durant combien de temps ? Est-ce que quelqu’un allait me secouer et me
crier que j’étais juste une grosse conne. Tellement de gens que j’ai côtoyé qui
me disent que c’est une bonne affaire sans jamais avoir eu la décence de me
réveiller. Combien de « elles » j’ai eu devant moi ? Des elles que
j’ai probablement invitées dans ma maison…
I dont give a fuck, mais je suis littéralement déclenchée.
Moi qui me posait souvent la question, s’il allait bien. Maudite compassion et
empathie, je vous rappelle que je suis supposée le haïr.
Inspiration...
Je me console en me
disant que je vais bientôt voir l’Amireux et que, ça, ça me fait du bien.
Expiration. Il fait noir. Je
pense que je me suis endormie.
Ça fait deux jours que je
« feel » tout croche. L’élément déclencheur m’a réveillé. Je ne me
souviens plus de la dernière fois que j’ai dormi sous aucun effet. Le mal à dit.
Inspiration...
J’ai la tête pleine.
Comment vais-je être capable d’avouer tout ça à l’Amireux sans qu’il me juge ?
-
Hey! Je pense qu’on devrait diminuer notre
consommation alcoolique.
Déresponsabilisation, j’ai 8 ans
et demi. Je ne suis comme pas « game » de lui dire que j’ai un petit
problème depuis maintenant bientôt 5 mois. Ce soir, c’est différent. C’est pour
le plaisir. Le mal à dit.
Expiration. Je ne me souviens à
moitié de rien. Il fait noir. Je dors à côté de lui, mon Amireux.
Un autre matin où je me suis
réveillée encore tout croche, mais où je vais aller courir pour sortir le
méchant, faire le vide. Mais ce matin, je me sens fragile et vulnérable. Lui,
sa tête pèse trois tonnes sur l’oreiller. J’ai compris que je n’étais pas seule
dans cette situation. Notre intimité venait d’être sabotée. Il y avait beaucoup trop
de déclencheur dans nos têtes respectives. Le mal à dit.
Inspiration...
Les prisonniers s’en
vont courir afin de se libérer.
Expiration...
Encore une fois, de belles discussions. Maudit, c’est encore moi qui parle. J’essaie un peu de projection.
J’avais le « motton ». Il m’avait posé la question qui tue :
Comment as-tu été capable de demander un arrêt de travail?
Inspiration...
Il a fallu que je me replonge, que je
raconte tout encore une fois. Mon « motton » c’est transformé en
vulnérabilité. Je pensais que j’avais bien installé ma barricade entre lui et
moi. Faut croire que je m’étais trompé.
Expiration...
Je lui ai renvoyé le « motton ».
Une belle confidence qui m’a beaucoup ému. Comment pouvais-je rester insensible
devant sa situation et sa discrète émotion. J’avais l’impression qu’il parlait
de moi, il y a quelques mois. Ce qui m’a le plus touché, c’est quand il m’a
avoué qu’il se sentait vide, qu’il ne sentait rien en dedans. Je pense que si
je ne mettais pas retenue, je m’aurais noyé avec toutes les larmes de mon corps.
Le mal à dit.
Inspiration...
Je suis des semaines
en arrière et je comprends entièrement comment il se sent. J’essaie de lui
expliquer avec mon seul vécu, mon expérience, qu’il faut savoir s’accorder du
temps pour se retrouver. Qu’en étant des petits robots, cela n’avancera à rien
mis à part s’oublier. Que la personne la plus importante c’est soi-même et que
c’est la seule qui restera avec nous toute la vie. Que nous devons absolument
avoir l’urgence de vivre, car nous n’en avons qu’une seule… Il a l’air d’un
ordinateur qui s’est mis en veille. Le mal à dit.
-
Tu as peur de quoi ?
Le mot peur est tellement
anxiogène. Le mal à dit.
Expiration...
Je "feel" mon Amireux. La vie est une
occasion qu’il ne faut pas manquer. J’inspire et j’expire profondément afin de
me relaxer le cerveau et je repense à moi, il y a quelques semaines.
Complètement à terre, dysfonctionnelle, ma bouteille de gin à la main. Je me félicite
d’être encore debout et de ne pas m’avoir mise en veille. D’agir tous les jours
comme s’il s’agissait du dernier du reste de ma vie. De simplement, m’avoir
choisi.
Inspiration. Je sens la fatigue m’emporter
avec elle sans l’aide de rien.
Expiration. Il fait noir. Je
pense que je me suis endormie.