lundi 28 décembre 2015

Mon histoire, ce "no mens land identitaire"

Je peux encore revoir la scène : lumières tamisées et une odeur de fumée qui plane. Le son était si fort, sorte de bruit sourd à faire trembler le sol. J’entends encore le bruit frénétique des voitures à l’extérieur que j’arrivais à peine à entendre sa voix. Je revois encore son visage, sa longue chevelure foncée et bouclée qui lui tombe dans le bas du dos et de ses magnifiques yeux en amandes fardées de khôl qui brillaient avec le reflet de la lumière. Avait-elle les larmes aux yeux? Je me souviens encore de cette soirée chaude, dans un bar avenue Mont-Royal, où Aïcha me raconta son histoire : « Même là, je ne me sentais pas chez moi. Merde, je suis une étrangère partout. Qui suis-je?»

Pour cette jeune Canadienne d’origine libanaise de 28 ans, la différence elle connaît. Pourtant, Aïcha est née ici, à Montréal. Son parcours fut long et parsemé de quelques embûches, mais la quête identitaire et le désir de se définir étaient au centre de ses questionnements. Qui suis-je? Tous les adolescents vivent une période de recherche identitaire au cours de leur vie. Cependant, lorsqu’on est immigrant de deuxième génération, né au Québec, la quête d’identitaire se veut teintée de paradoxe. Continuellement déchiré entre le « moi de cette culture » et le « moi québécois ou canadien ». Ces jeunes ont souvent l’impression d’être perdus. Aïcha s’est toujours sentie différente. Était-elle strictement Libanaise, Québécoise d’origine Libanaise, Québécoise ou aucune de ses réponses? Représente-t-elle cette nouvelle diversité ?

Dans son plus loin souvenir, elle avait six ans : elle avait une longue crinière bouclée, de grands yeux foncés en amande et le teint basané, trait typique de la communauté libanaise. Les enfants de son quartier avaient la fâcheuse habitude de lui tirer les cheveux en lui criant : d’où viens-tu? À cette époque, dans le quartier de Laval, secteur Pont-Viau, il y avait très peu de familles immigrantes.

« Je suis née ici, comme toi. Ben oui! Qu’est-ce qui nous distingue lorsque nous sommes enfants? Je me suis souvent demandé s’il s’agissait simplement de différence, de discrimination ou de haine. À six ans, d’où vient la haine? Ne sommes-nous pas tous les mêmes? Naïfs? Pour moi, j’ai toujours été comme eux. »

Qu’est-ce qui nous distingue les uns des autres? Une multitude de facteurs peuvent nous rendre différents : les traits physiques lorsque nous sommes minoritaires, l’origine, les croyances et la religion. L’identité est un système de sentiments et de représentations de soi. Un ensemble de caractéristiques physiques, psychologiques, morales, juridiques, sociales et culturelles à partir desquelles la personne peut se définir, se présenter, se connaître et se faire connaître, ou à partir desquelles autrui peut la définir, la situer ou la reconnaître. C’est entre ces deux pôles que les jeunes immigrants de deuxième génération se situent.

« Combien de fois on m'a demandé d'où viens-tu? Merde je suis né ici comme toi!! »

Pourtant, environ 30 000 migrants arrivent à Montréal chaque année et un Québécois sur quatre à un parent qui vient de l’étranger.

« En éducation physique, nous formions deux clans : les blancs et les immigrants. Ironiquement, notre cri de ralliement était immigrants. Je me suis toujours alliée à la différence. J’avais des amis de toutes les nationalités. »

À défaut de ressembler aux autres, les adolescents immigrants de deuxième génération s’assemblent pour mieux se ressembler. Ils sont coincés dans un « No mens land » identitaire et prisonniers entre leur culture d’origine et leur culture québécoise. Sans cesse confronté dans ce choc des cultures via la question du « qui suis-je » et de l’intégration. L’école, les médias, la musique et la culture des pairs les rendent culturellement « indifférenciables » des autres jeunes du Québec. Confronter au regard de l’autre, ils sont souvent victimes de racisme et de discrimination ce qui peut rendre la quête identitaire et l’intégration plus périlleuse.

 « J’étais différente à la maison et j’étais différente à l’école. J’ai eu longtemps l’envie et le désir d’être assimilée, d’être comme les autres. Il fut un temps où j’haïssais les Libanais.»

Pour Aïcha, il y eut une longue période de confrontation avec ses parents.

« Mes parents m’étouffaient. J’étais sans cesse en opposition avec eux. J’étais curieuse et je voulais explorer. Dans ma quête de soi, je devais essayer des choses interdites par les valeurs et la religion de mes parents. Je faisais tout en cachette. J’ai longtemps pensé faire une fugue. Je voulais être libre, libre de cette continuelle dualité. Je voulais faire ma vie. »

Pour l’enfant, l’isolement émotionnel réfère à un sentiment d’exclusion et de marginalité qui découle d’une double situation : la relation avec les parents plus traditionnels et l’intégration sociale. Maryse Potvin, professeur en sciences de l’éducation à l’UQAM et responsable du pôle de discrimination et insertion se pose la question : « en quoi l’expérience des jeunes de la deuxième génération est-elle différente de celle de la première génération (qui a immigré) et de celle des autres jeunes québécois? Lorsque ces jeunes parlent des relations dans leur quartier, leur école et leur ville, on constate que leur expérience sociale se construit « par et autour » du racisme et de déterminismes sociaux qui résultent d’un parcours d’immigration qu’ils n’ont pas effectué. Le racisme est ressenti avec acuité en raison de leur fort sentiment d’appartenance à la société québécoise et non l’inverse. Dès lors, ce qui les distingue des autres natifs du Québec est le racisme qu’ils subissent et qui tend à recréer des différences. Le rôle du racisme s’avère central dans la construction identitaire de la deuxième génération : il les situe symboliquement, culturellement et matériellement à la fois dedans et dehors.»

Les parents d'Aïcha viennent d’un petit village au sud du Liban du nom d’Aytaroun, près de la frontière d’Israël. Ils sont venus s’installer au Québec vers la fin des années soixante-dix pour assurer une meilleure qualité de vie à leurs enfants. Dans les mêmes années, 45 717 immigrants libanais faisaient leurs arrivés au Québec.  La guerre civile frappait le Liban. De 1975 à 1990, cette guerre meurtrière a tué plus de 150 000 innocents. S’ils voulaient voir grandir leurs enfants, ils n’avaient qu’un seul choix, venir vivre au Québec. Le Canada était pour eux synonyme de pacifisme et de sécurité. Comme terre d’accueil, il est une destination choyée pour une grande majorité de la communauté Libanaise. Les parents d'Aïcha ont eu de la chance, le frère de son père avait immigré au Québec quelques années plus tôt. Il a donc parrainé la venue de la famille d'Aïcha et de leurs trois enfants de l’époque. Elle n’était pas encore de ce monde. Ses deux sœurs et elle sont nées ici quelques années plus tard. Elle est l’avant-dernière d’une grande famille de six enfants. D’avoir un membre de la famille dans leur nouvelle terre d’accueil aida le processus d’intégration de la famille immigrante. Contrairement au Canada qui adopte le principe d’un choix personnel entre les deux langues officielles, le Québec impose l’usage du français aux nouveaux arrivants. Il n’est pas toujours facile pour les immigrants de le maîtriser adéquatement. Par contre, il en résulte que pour bien s’intégrer, la maîtrise du français est de mise. Ce qui nous unis en société au Québec, c’est la langue. Elle est souvent la première cause de différence entre le parent immigrant et l’enfant né en terre d’accueil. Les parents d'Aïcha ont appris le français dans la première année de leurs arrivés. Par contre, ils avaient beaucoup de difficultés à se faire comprendre. Leur réseau social était essentiellement composé de Libanais ayant immigrés comme eux. Avec le temps sont père a fini par se débrouiller, mais sa mère a toujours eu une faible maîtrise de la langue française. À la maison, ils parlaient majoritairement l’arabe. Encore aujourd’hui, l’arabe prend une grande place dans leur discussion. Aïcha a principalement appris le français à la garderie et avec l’aide de ses deux frères et de ses deux sœur aînés. Pour les parents, le fait de ne pas pouvoir s’exprimer librement dans la langue du pays d’accueil les coupes de la société, mais aussi de leurs enfants ce qui peut expliquer la complexité de ce dernier dans la recherche de son identité.

Jean Yves, intervenant communautaire à l’école Joseph-François-Perrault, souligne que les parents arrivent souvent avec le bagage de leur pays, des principes venus d’ailleurs et ont davantage de difficultés à s’adapter. Ce sont souvent les enfants qui parlent pour eux. Lorsqu’ils reconnaissent que leur enfant est quelqu’un d’autre à l’école, qu’il s’est adapté à la culture québécoise, ils vivent alors le choc. Pour lui, c’est là le vrai combat. Si les parents ne parlent pas le français le fossé entre les générations se creuse non seulement dans la communication, mais aussi dans leur perception du Québec, de leur enfants et dans le vivre ensemble.

Qualifié de mosaïque confessionnelle, le Liban est composé de dix-sept communautés reconnues. Chez les musulmans, il y a les Chiites, les Sunnites et les Alouites pour ne citer que quelques exemples. Les parents de Aïcha sont des musulmans chiites. Lorsque le prophète Mahomet était en vie, l’islam ne formait qu’un seul et même courant. En 632, à sa mort, des divergences de vues sont apparus. Les chiites et les sunnites ne reconnaissent pas le même successeur. Pour les chiites, le Coran est une œuvre humaine, alors que pour les sunnites il a un caractère divin. Les sunnites tentent d'imiter le Prophète. Ils considèrent que l'histoire est prédéterminée, alors que les chiites accordent plus d'importance à la liberté individuelle. Le chiisme se distingue également du sunnisme par l’existence d’un clergé très hiérarchisé. Le Coran est en quelque sorte la Bible des musulmans et est la parole de Dieu. Il se veut une écriture universelle, adressée à toute l'humanité. Le message qu'il apporte repose sur la phrase : "Il n'y a d'autre divinité que Dieu.". C’est dans la prière et les valeurs de la religion musulmane qu'Aïcha a été élevée. Ses parents étaient stricts et voulaient que leurs enfants adhèrent aux valeurs traditionnelles du Liban. Pour eux, il était difficile d’être musulman dans une société si permissive. La religion et les valeurs représentent un énorme fossé entre le parent et l’enfant né ici. Pour les parents, c’est la famille et le lieu de culte le réseau social, pour l’enfant c’est principalement l’école et les amis.

« Lorsque j’étais plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi mon père ne m’expliquait pas la raison de mes actions ou les restrictions que l’on m’imposait. Il me répétait toujours que j’allais aller en enfer. Il fut un temps où j’haïssais la religion et je voulais que mes parents discutent ouvertement avec moi comme la plupart de mes amis. »

Aïcha a toujours été considérée comme le mouton noir de sa famille puisqu’elle était davantage libertine : elle fume et boit de l’alcool à l’occasion. Par contre, ses sujets ont toujours été tabous lorsqu’elle rentrait à la maison. Les parents migrants craignent les comportements plus libres des enfants canadiens. Ces craintes seraient par ailleurs atténuées si les parents étaient eux-mêmes exposés davantage à la société d’accueil via le milieu de travail et le réseau social par exemple. De sa religion, elle a décidé de puiser les valeurs qui lui ressemblaient : elle prie lorsqu’elle en ressent le besoin, elle donne à son prochain plus démuni et fait le ramadan assidument. Pour le reste, elle y accorde peu ou pas d’importance même si elle ne peut pas le renier. Aïcha ne veut pas se sentir obligé.

« Je ne connais pas parfaitement le Coran et j’ai décidé de ne pas porter le voile. Pour moi le voile est un symbole très puissant.  À mes yeux, c'est une forme de sagesse et de compréhension ultime de la religion. Je crois fermement que Dieu existe. C'est une présence inexplicable qui réchauffe mon cœur. La religion n'est pas seulement un habit ou des symboles, c'est aussi ce qui se passe à l'intérieur de toi. Je ne suis pas arrivée au stade de cette sagesse et de cette force à porter le voile. Lorsque tu portes le voile, ce n'est pas seulement par "tradition". Il ne faut jamais oublier que tu représentes la religion dans tous tes faits et gestes. »

Lynda Brisson, thérapeute en relation d’aide au CRAM, croit qu’il est important pour les immigrants de deuxième génération de faire un travail sur l’acceptation de la différence, sur l’acceptation des valeurs des parents et celles de la société d’accueil. L’introspection permet de vérifier à l’intérieur de soi ses sentiments, ses peurs et pour aller puiser ce qui est bon pour l’enfant dans les deux cultures. Il faut que la personne soit bien avec elle-même, sans renier la culture d’origine. En s’acceptant, la question de diversité devient alors anodine. L’appartenance à la société et à l’ethnicité peut alors grandir. Plusieurs ressources existent pour aider les jeunes dont les thérapeutes en relation d’aide et les travailleurs sociaux dans les écoles. Selon elle, le voyage dans le pays d’origine peut aussi aider l’enfant dans sa quête identitaire.

« Pour moi, le Liban c’est le plus beau pays du monde. C’est ma terre natale. C’est drôle à dire puisque je suis née ici, mais c’est quand même de cette façon que je vois ce pays. C’est là d’où ma famille vient, mes traditions et mes valeurs. En quelque sorte, c’est moi. J’y ai eu l’occasion d’y aller à plusieurs reprises. C’était une façon pour moi de découvrir davantage ma famille et mes racines, mais aussi une façon de me connaître et de me comprendre. Quand je vais au Liban, je reprends là où j’ai arrêté. »

Par contre, lorsqu’elle va au Liban, les gens lui demandent aussi d’où elle vient. Là-bas, elle est différente. Son rire, la façon dont elle s’exprime, son « accent » arabe, tout la trahit. Elle est québécoise.

« Je dois justifier les décisions québécoises que je prends et ce que je suis au Liban et avec mes parents. Au Québec, je dois justifier mes décisions libanaises. »

Lorsque je l’ai rencontré, dans ce bar avenue Mont-Royal, je n’aurais jamais pensé que cette jeune femme avait connu la guerre. Pour moi, comme elle était née ici, elle ne pouvait pas avoir connu la peur, l’insécurité et la souffrance. Je n’avais jamais remarqué de différence entre elle et moi avant ce jour.

« Aux petites heures du matin, la terre a commencé à trembler : bombardement de l'aéroport. Personnes ne pouvait quitter le pays et plus personnes ne pouvaient y entrer. Ce qui était supposé être un voyage de plaisir s’est littéralement tourné au cauchemar. Nous sommes à Beyrut. L'endroit où tu ne veux pas être puisque c'est la cible première d'Israël. Ma tante me crie : prend l'essentiel, on part! Je suis restée dix jours au Liban. Dix jours qui ont paru comme une éternité. C'était du stress vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les avions israéliens bombardaient plusieurs fois par jour et  à des heures stratégiques. Nous étions douze, entassés les uns sur les autres dans une chambre. Lorsqu'une bombe tombait, c’est le sol et la maison qui vibrait au grand complet. Dix jours de peur : peur de sortir, peur de dormir, peur de porter des couleurs vives, peur de rire, peur de pleurer, peur de te lamenter, peur de vivre. Lorsque je suis revenue à Montréal, j’étais fatigué, mais surtout en colère. On avait bombardé ma terre natale et une partie de moi. J’en voulais au Canada de ne pas avoir réagi plus vite. Comment ai-je pu partir et laisser toute ma famille? Pourquoi est-ce que j'ai la chance de cette fuite et pas les miens? En partant, j’ai laissé quelque chose de précieux là-bas. Quelque chose que je n’avais encore jamais réellement réalisé. En partant, j’ai laissé là-bas une partie de moi et je revenais en continuer une autre partie ici. À mon arrivée ici, j’avais une grande souffrance intérieure que je n’arrivais pas à communiquer. J’avais de drôles de réactions. Lorsque j’entendais des feux d’artifices, je criais et  j’étais hystérique. Les gens me regardaient d’un bizarrement. Ils ne comprenaient pas. Outre le choc post traumatique, j’ai milité. Je suis allé à toutes les manifestations qu’il y avait à Montréal. J’avais envie de crier ma frustration, ma haine envers mon pays de ne rien faire et clamer ma différence »

Aïcha s’était cherchée durant une longue partie de son adolescence : mêlée entre le « qui suis-je » et le «  d’où je viens? ». Sans cesse en confrontation avec ses parents, elle réalisa à ce moment la vraie signification du mot racine et avait mis le doigt sur la signification du mot identité.

 « J’y suis retournée trois ans plus tard en me disant : cette fois-ci si ça pète, je reste! Par contre, je sais très bien que je ne pourrais pas aller vivre là-bas. Je suis beaucoup trop québécoise. En fait, je suis entre les deux. »

En constante quête identitaire et en recherche de sentiment d’appartenance au pays dans lequel ils se reconnaissent, mais tardent à être reconnu, les enfants nés au Québec de parents immigrants ne sont-ils pas le pont de ses deux générations? Les membres de la deuxième génération se voient et sont vus par les autres comme le lien culturel entre la façon de vivre de leurs parents et une nouvelle façon de vivre soi-disant canadienne. Ce sont les premiers capables de comprendre les enjeux et les complexités de la société multiculturelle. Aïcha n’est-elle pas ce que sont tous les jeunes, notre avenir?

« Je ne sais pas si je voudrais marier un Québécois, mais j’y ai déjà pensé. Par contre, ce que je sais, c’est que je vais travailler fort avec mes enfants dans leur quête identitaire afin qu’ils s’acceptent plus facilement. Comme j’aurais connu la même chose puissance dix, je vais pouvoir leur faire voir les deux côtés de la médaille. C’est avec eux que je vais amener le changement vers l’intégration. Je leur ferai découvrir que la différence peut être une qualité. »

Aïcha a compris que le temps arrangeait les choses. Peu à peu, elle arrive à se définir, à aimer ses deux cultures et accepte sa différence. La différence ne fait-elle pas la beauté des choses? Pour Bochra Manaï, sociologue spécialisée en immigration urbaine, il faut considérer le facteur temps en ce qui concerne les enjeux de la quête identitaire des immigrants de deuxième génération. Pour que ces jeunes puissent se tailler une place, il y a une grande responsabilité de la société qui devrait commencer via l’éducation afin d’être en mesure d’en parler et afin de leur dire qu’il y a une place pour eux. Il y a aussi un long travail d’acceptation et d’assumassions de l’individu. Il faut qu’ils acceptent leur pluralité et ne pas faire de choix en fonction de la réduction de l’autre. La deuxième génération doit s’accepter de façon entière. Pour ma part, Aïcha représente cette mosaïque culturelle et nourrit la diversité. Elle est le plus beau des paradoxes, mais aussi, ce phénomène de société que représente le multiculturalisme.

 « Aujourd’hui, qui suis-je? En général, je me sens canadienne, d'origine libanaise. D’autres jours, je me définis comme québécoise d'origine libanaise. Ces derniers temps, je suis libanaise, palestinienne, française, syrienne, africaine, brésilienne (…) Ce ne serait pas moi d’être comme les autres. Dans la diversité, je suis authentique. Je suis fière de mes doubles racines. Je suis Aïcha. » 

Lorsque je fais des rencontre de la sorte et que j'entend des histoires aussi touchantes, je me considère heureuse de ne pas avoir eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

mardi 6 octobre 2015

Le don de soi

Nous avons souvent tendance à prendre les gens que l’on aime pour acquis, surtout celles qui nous accompagnent dans le quotidien.

Et à un moment où à un autre, nous vivons des moments difficiles et, en guise de baume sur le cœur, une personne se démarque dans votre démarche d’auto-guérison. Une personne qui est toujours là, dans les mauvais, mais aussi dans les bons moments.

À toi, je t’offre cette visite de gratitude parce que je ne le fais pas assez souvent.

Aujourd’hui, je veux te remercier du plus profond de mon cœur, toi, ma meilleure amie, mon âme sœur, mon ange, ma petite sœur, Sophie.

Merci, non seulement, d’être atterrie dans ma vie sans que je l’ai choisi, mais surtout pour toujours avoir fait partie de mon quotidien et ce, même avec les années qui ont passé.

Merci, de toujours m’avoir encouragé dans mes projets les plus fous, mais aussi lorsqu’il a fallu me sortir du gouffre. L’angoisse aurait été trop lourde à supporter sans ta présence, ton optimisme et ta compassion.

Merci, de toujours avoir embarqué dans mes folies. Tu étais et tu es toujours ma meilleure partenaire.

Merci de ne jamais m’avoir jugé en tant que personne, dans mes choix, mes états d’âme souvent négatifs ou lorsque je prenais des décisions, bonnes ou mauvaises.

Je t’en ai voulu longtemps de m’avoir abandonné lorsque notre famille se décomposait, mais aujourd’hui, je respecte ton choix de la même façon que tu as respecté les miens. Même la distance ne nous a jamais séparés parce que le lien qui nous unissait et qui nous unit toujours est beaucoup plus fort.

Tu revenais à l’occasion me donner une petite tape dans le dos afin que je reste forte et que je vive ma vie et non celle de nos parents. Ces petits moments étaient et resteront toujours pour moi, du pur bonheur.

Et dans une de tes escales chez moi, par une douce journée de septembre, tu es tombé malade. Je m’en souviendrai toujours. Nous croyons que ce n’était que pour quelques jours. Les médecins nous ont annoncé qu’ils craignaient pour ta vie et que ce n’était qu’une question de temps. Une infection au cerveau qu’ils disaient.

Comment j’allais pouvoir vivre sans toi?

C’est malheureux, car c’est les moments difficiles qui mettent en lumière nos souvenirs les plus beaux.

Aujourd’hui, je remercie la vie d’avoir fait un miracle.

Et tu es repartie parce que la Sophie malade était partie avec quelque chose qui s’était éteint. Je sais qu’à l’inverse, tu m’aurais laissé aller afin que je retrouve le morceau qu’il me manquait. Alors, j’en ai fait de même sachant que j’allais retrouver une Sophie plus belle, plus forte et plus sûre d’elle. Je te remercie encore d’être partie pour me faire réaliser à quel point tu es une personne spéciale pour moi et à quel point tu es importante.

Puis un jour, tu es revenu de ton périple à travers le monde. J’étais si heureuse à l’idée de partager tes histoires. Je n’ai peut-être pas toujours eu assez de temps à te consacrer, mais sache que tu m’as fait réaliser que les plus beaux moments sont ceux que nous pouvons partager avec les personnes que l’on aime.

Il y a longtemps que je voulais te le dire.

Merci de participer à la personne que je suis et que je vais devenir.

Je t’aime et mille fois merci d’être cette personne si merveilleuse, ma meilleure amie, mon âme sœur, mon ange, ma petite sœur, Sophie.

Puis dans quelques semaines tu repartiras pour un projet d’aide humanitaire qui te tient réellement à cœur. Je suis si fière de toi que j’ai voulu le partager au monde entier afin de pouvoir t’aider dans ta démarche de récolte de dons.

Alors, voilà mon cadeau de remerciement pour toi.

Avec toute ma gratitude,

Ta sœur qui t’aime et qui, des fois, n'a pas envie de vendre sa vie sur Kijiji!

Stéphanie


jeudi 27 août 2015

Fuck man, I'm a dude!


À mon départ, j'ai eu droit à un mot doux d'excuses sur l'oreiller.

"Tu restes toujours ma priorité. Je m'excuse d'avoir été con"

Malgré ça, il m'avait achevée. Je ne savais plus où j'en étais. Ne sachant plus vers qui me tourner pour ne pas sonner comme un vieux disque qui saute, je n'avais qu'une idée en tête, me faire petite afin que la poussière retombe. Je devais combattre mes frustrations et contrôler mes pulsions de colère et d'insatisfactions.

Malgré tous mes efforts, je savais qu'arriver à mes fins serait un défi de taille. Je suis passée maître dans l'art de l'auto- sabotage. Tout ce dont j'étais capable, c'est d'envoyer spontanément de la marde via message texte et ce, sous les effets de l'alcool.

Encore!?

Maudite fille...

Tu creuses ta tombe, mais surtout, une cure d'alcool s'imposait!

Je savais qu'au plus profond de moi, tout ça ne me ressemblait pas. Je ne suis pas cette maudite fille. je suis fière et indépendante. Je n'ai besoin de personne, PERSONNE!

Mais qu'est-ce qui me poussait à agir ainsi?

Je me suis posée plusieurs questions cette semaine. Le temps passe, se ressemble et rien ne change...

J'accepte ou je repasse?

Les montagnes-russes sont-elles si bonne? Est-ce seulement un manège?

Est-ce vraiment ce que je veux?

Pour une fois, je ne ris plus...

Je suis sérieuse...

Je dois comprendre ce qui ne tourne pas rond. Ce n'est pas en envoyant des messages de maudite fille que je vais arriver à saisir ce qui cloche.

Peut-être étais-je réellement castrante?

Voyons donc!

Au grand mot les grands remèdes. Un peu de "ghosting" ne fera pas de tord.

J'appuie sur le bouton "delete" de mes contacts et j'efface les historiques. Adieu tentation!

Je suis forte, j'ai des couilles, je suis un "dude", car j'ai envie de vendre ma vie sur kijiji  et partir voir ailleurs si j’y suis!

dimanche 9 août 2015

Des fois, je me dis... Maudite fille!

 

Après avoir morvée ma vie, braillée, ragée et reçue plusieurs regards de sympathies des passants, comme une maudite fille,  j'ai finalement eu signe de vie de l'homme...

Une histoire complètement débile tout droit sorti d'un film. Bien sûr, il a picolé sa vie jusqu'aux petites heures du matin. Fallait bien qu'il noie sa frustration. Un peu amoché, il a fini par décider d'aller se coucher.

C'est un coup de téléphone qui le réveilla vers les cinq heure du matin.

Pas le mien...

J'étais trop occupée à gérer mon vélo et un taux d'alcoolémie un peu trop élevé.

Une de ses employées lui téléphonait pour venir à la rescousse d'une de ses collègues qui se faisait harceler chez elle. L'homme sauveur, sauta sur son "skate", trop alcoolisé pour la voiture, afin de venir en aide à la petite. Bref, encore une belle histoire de travail, à l'extérieur du travail. 

Quand j'ai appelé, son téléphone n'avait plus de batterie...

Il est venu me rejoindre en fin de journée, afin que l'on puisses remettre les pendules à l'heure. Il y avait un moment que nous n'avions pas fait de mise au point.

C'est de cette drôle de façon que nous avons fêté notre quatrième anniversaire. 

Malgré tout, j'avais un doute...

Cette histoire était-elle vrai?

Comment pouvait-il savoir que j'avais appelé autant si son téléphone était mort?

Il y a ça de bien de son petit patelin, tout fini par se savoir et j'allais en avoir le coeur net au courant de la fin de semaine.

Maintenant, comme une maudite fille, je voulais profiter du petit nuage de réconciliation.

Je sentais qu'il voulait me faire plaisir. Il savait que j'avais eu peur de le perdre à nouveau. Il a même changé ses plans afin de passer la soirée avec moi. Nous nous sentions festifs et les verres s'accumulaient.

Mais, il y eu "le" verre de trop.

Il m'a lancé au visage tel une gifle que je devais toujours décider pour tout, qu'il fallait toujours que ce soit "lui" qui me fait plaisir, que j'étais castrante.

Maudite fille...

- Si j'étais toi, je ferais le test et je changerais de blonde. Tu vas voir que je suis loooooooooiiiiiin d'être castrante. Lâche l'alcool si t'es pas capable de boire!!!!!

Et la maudite fille au coeur gros, a dormi de son côté de lit et eut envie de vendre sa vie sur kijiji.

À suivre...

vendredi 31 juillet 2015

Des fois, je suis une fille...

Enfin, c'est l'été!

Pour la toute première fois, je vais pouvoir dire que je vais réellement en profiter.

Je suis libre...

À défaut d'avoir un chum qui travaille en restauration, je me considère comme une célibataire de semaine. Je peux m'adonner, comme bon me semble, aux activités de mon choix sans-gêne.

Libre avec un grand L...

Le meilleur des deux mondes quoi!

La fin de semaine je la consacre à cette bête qui a volé mon coeur.

Je respire cette désinvolture à pleins poumons , même si bien souvent, je me surprends à faire de la vitesse sur sur la 40 EST afin de pouvoir croquer les fesses de mon géant préféré.

C'est que malgré tous mes temps libres, une fille s'ennuie.

Nous nous sommes même engagé dans le compromis du siècle: une fin de semaine sur deux, en ville ou en banlieue, pour que tous soient libre d'être heureux dans son petit coin de chez eux.

- Bonne journée Chatonnade!

- Bonne journée mon loup. J'ai très hâte de te voir en chair et en os! Can't wait...

Ce soir, c'est ma fin de semaine. Il y a longtemps que je n'ai pas eu un vrai samedi soir de congé. J'ai envie de boire une bonne bouteille de blanc et de sillonner avec ivresse les rues de Montréal, toute la nuit, à vélo, en attendant impatiemment l'homme. De plus, pour une fois que ma frangine à envie de picoler, pourquoi pas en profiter. Il viendra nous rejoindre plus tard.

Les festivités sont amorcées et la soirée commence à être bien arrosée. Je m'amuse comme une gamine et j'ai une soudaine envie de danser toute la nuit.

- Je viens de terminer mon coeur. Un tel et un tel sont au resto pour la fête de la blonde à un tel. Je vais rester avec eux et je vais venir te rejoindre tôt demain matin. Yé t'aime ma crotte. Rdv demain, 10h30.

Who's the fuck la blonde à un tel?

C'est que dernièrement, sur l'alcool, je vis très mal mes frustrations. Un genre d'SPM exposant dix. Quand c'est à moi de venir le rejoindre, je me prive toujours de faire ce que j'ai envie parce que je suis une maudite fille qui s'ennuie et qui souhaite se coller sur le gros chess de son chum.

Niaiseuse!

- Niiice sounds so great. Tu peux même rester dans ton village si tu veux.

Merde, avec toute mon arrogance d'alcoolique, je l'ai dit. J'ai pesé sur envoyer. Je vivrai les conséquences demain. Il n'allait quand même pas gâcher ma soirée. Moi aussi, je peux être égoïste à l'occasion.

Et je me lance dans le pichet de sangria en dansant au milieu de la piste de danse.

C'est l'odeur de mon haleine d'alcool de la vieille et le chaud rayon de soleil sur mon visage qui me sortient de mon lit. 7:00 am. Je me prépare, car mon homme sera bientôt à la maison.

- Sérieusement, je ne pense pas qu'il vienne...

Je me prépare à toutes éventualités et je me prépare déjà un plan "b" de journée chaude ensoleillée. Mais au fond de moi, mon coeur de fille espère qu'il sera au rendez-vous.

10:30...

Personne...

10:40

Toujours sans nouvelle...

Je l'appelle...

Une fois...

Coups de téléphone....

Boîte vocale....

Je l'appelle à nouveau...

Une deuxième fois....

Puis une troisième....

Puis une quatrième...

Puis...

Plusieurs autres fois...

Je suis hystérique...

Ma soeur me regarde démunie, hors de contrôle.

Je braille, je rage, je morve...

- J'peux pas croire... J'peux pas croire...

C'est tout ce qui peut sortir de ma bouche.

Je ne pouvais pas croire qu'il ne me répond pas. Je ne pouvais pas croire que j'étais encore dans la même situation. Nous avons tous connu un jour, cette fille. Que ce soit elle, toi ou moi.

Aujourd'hui, ça fait quatre ans et, rien n'a vraiment changé.

À ce moment, j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji.

À suivre...


mercredi 15 juillet 2015

Qu'est-ce qui se passe, ça marche plus?

Peu à peu, l'été prend sa place. Le soleil, la chaleur, les soirées douces et humides, les innombrables verres sur les terrasses, les vêtements raccourcissent dévoilant davantage de peaux, les gens sont beaux et les vêtements s'envolent.

L'été c'est inspirant...

Elle nous donne envie de faire des frivolités, de butiner à droite, à gauche et c'est probablement pour cette raison que plusieurs couples se laissent tandis que d'autres se forment durant cette période.

L'été donne envie...

Nos corps moites se touchent, les mains se faufilent sous les jupes et ont s'embrasses jusqu'à l'aurore un peu enivré par  la chaleur et l'alcool. Du bon sexe d'été.

J'avoue que mes pensées et mes yeux divaguent bien souvent à la vue de la peau bronzée. Bien que mes œillères ne regardent qu'une seule personne, j'aime beaucoup me remémorer ces étés où je pouvais librement me laisser-aller. Cet été, je me promets d'être fidèle. L'amour est au rendez-vous et nous prenons un malin plaisir à crier:

-Hi four!

Cet été, se fera bientôt quatre ans que je partage ma vie avec la bête. Bien sûr, nous ne calculons pas la coupure, cette époque que nous voulons oublier. Je le trouve de plus en plus beau aux fils des semaines estivales, sa peau est colorées, des taches de rousseurs sont apparues sur ses joues ainsi que sur son nez et il prend un vilain plaisir de toujours se promener torse nu. Des perles de sueurs parcours sont corps, il respire l'été et moi, je l'admire timidement derrière mes énormes lunettes de soleil.

Maudit que je le veux!

L'été des fois me fait peur. Même si je veux l'effacer, je me souviens de "cet" été. J'essaie de ne pas trop y penser, mais à l'occasion j'ai l'impression que l'histoire tend à vouloir se répéter. Il est retourné à ses anciennes occupations, là où les verres ne se terminent jamais, là où les filles sont jeunes, fraîches et belles. Nous nous voyons moins souvent, étant maintenant sur deux fuseaux horaires complètement différent, nous nous voyons qu’occasionnellement.

Je ne veux pas vraiment savoir ce qu'il fait de ses soirées d'été.

Ces heures de travail se cumulent, les bières d'après chiffre n'ont jamais l'air de se terminer et il commence à se plaindre qu'il ne voit jamais ses amis.

Il donne de moins en moins de nouvelles, c'est l'été pi c'est vrai.

Je passe donc davantage de temps avec les copines, allant de festivals en terrasses et de restaurants en spectacles. Sous les derniers rayons de soleil, nous entassons quelques sangrias et j'écoute leurs histoires d'amour estival. Une d'entre elles prend un trop souvent plaisir de nous parler de son "planning sexe" quotidien.

-  Mon cadran sonne à 6 am pour deux trois petites culbutes sous les couvertures. Ensuite, je fais mon jogging, je reviens à la maison, je la prends à deux mains pi (censuré). Puis, nous sautons sous la douche pi...

Cet été, je ris aussi jaune que le soleil.

Les filles n'ont aucune retenue. Je parle rarement de mes histoires de fesses, mis à part quelques anecdotes croustillantes, que je réserve pour mes meilleurs amis. Par contre, lors de soirées bien arrosé entre copines, il est beaucoup trop drôle de parler de nos expériences.

Mais cet été, ça m'irrite.

Depuis la grande noirceur, j'ai repris peu à peu plaisir sous la couette. Par contre, l'horaire, la fréquence de nos rencontres, sa blessure aux côtes et ma torsion lombaire sont divers facteurs qui sont venus espacer nos étreintes. Pourtant, tout le reste y ait: amour, complicité, fous rires, etc.
Est-ce possible de pouvoir d'oublier le désir?

- Ce soir d'été, est-ce que tu rentres plus tôt? Je t'attends chez toi. ;) ;) ;p

Il a fait fit de mon message. Je suis sur le point de m'endormir. À son retour, je sors de mon sommeil en pensant à la nuit chaude d'été que nous allons passer. Le tempo embarque lentement, mais surement. Je le sens insistant et pourtant...

Nos vêtements s'envolent. J'y ai pensé toute la journée. Mais à ma plus grande surprise, il y a des signes qui ne mentent pas. Je lui donne trois petites tapes d'encouragement en disant:

- On se reprendra cette semaine.

Cet été, j'essaierai d'avoir l'air naturel devant le "planning" de ma copine. J'esquiverai le sujet en faisant diversion et en répondant que j'ai envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

jeudi 2 juillet 2015

L'exilé

L’exil est l'état d'une personne, l'exilé, qui, volontairement ou non, a quitté sa patrie, sous la contrainte d'un bannissement ou d'une déportation, l'impossibilité de survivre et la menace d'une persécution l'amène à vivre dans un endroit étranger avec ce que cela implique de contraintes sociales spécifiques (langue, insertion, identité...) et de sentiment d'éloignement (nostalgie, déracinement...).
 
L'exilé c'est lui. Parti, faute de travail, mais surtout parce que sa maison était hantée de démons. Tout lui faisait penser à elle. Je crois même que son parfum était encore imprégné sur ses draps. Même le baume que je lui ai apporté un certain temps n'a pas servi. Le chemin est souvent long vers la guérison. Puis il s'est enfuit et nous n'avons plus entendu parler de lui.

Quelquefois, il venait sonner à ma porte en surprise, car il avait envie de se sentir comme à la maison. L'instant d'un moment afin de savourer un bon repas, boire quelques verres et finir en cuillère. Je crois que c'est ce qu'on appelle rassurant,  réconfortant.
 
Pour lui l'exil était synonyme de liberté. Il s'est même procuré un voilier pour pousser l'expérience un peu plus loin, pour oublier.
 
Puis plus aucune nouvelle. Ayant refait ma vie de mon côté, j'avais perdu mon exil, cet endroit où j'allais pour me ressourcer. Parfois l'exil peut te rendre triste, nostalgique, mais son souvenir te fait toujours chaud au cœur. Tu le réalises malheureusement seulement dans la perte.
 
Maintenant, quand il refait surface, tu le sens opportuniste. Ça laisse un goût amer même si tu ne veux pas nécessairement voir la réalité. C'est au-delà de l'intimité que tu te rends à l'évidence et que ton cœur commence à te faire mal. Même si je ne suis plus à lui, j'aurais aimé être son exil. Aujourd'hui, je ne suis que son utilitaire.
 
Pourtant, c'est un ami pour qui j'ai un amour très grand, malgré tout.
 
J'envie son exile à lui, même si je ne suis pas toujours d'accord avec ses choix.
 
Quand je pense à mon exil perdu ou à celui que je fantasme, j'ai envie de vendre ma vie sur kijiji pour partir voir ailleurs si j'y suis.

mercredi 24 juin 2015

Devrais-je partir ou bien rester?




Les fenêtres ouvertes, l'air chaud de l'été qui me flatte le visage, les cheveux dans le vent, je roule direction la banlieue.

Je me sens libre.

L'instant d'un moment puisque je serait prisonnière d'un autre embouteillage. C'est la cohue niveau circulation pour sortir de Montréal de ce temps-là.

Je m'évade sur l'air de cette mélodie, chantant à tue-tête et m'abandonnant à mes rêveries. Je n'avais aucune envie de briser mon petit bonheur de quiétude et vivre la frustration de la congestion comme certain visage crispé que je croise dans mon rétroviseur.

- Un petit rafraîchissement mademoiselle? dit un squidgy au passage en me ramenant à la réalité, le maudit trafic.

Je vais encore me faire solliciter. Je travaille assez fort pour mon argent et je compte toujours mes sous pour pouvoir me permettre un café "to go" chaque matin.

Quand je me lève les yeux...

Il est là, squidgy à bout de bras. Étonnamment, il n'a pas l'air crasseux ni dégoûtant. Bien au contraire, il a un sourire sublime, une carrure imposante et un visage magnifique.

J'ai senti à l'intérieur de moi, la foudre, et clairement, mon sourire niaiseux me trahissait.

- Non merci!

Ben voyons, tu ne peux pas avoir un béguin pour un suidgy, niaiseuse! Puis, je me suis posée la question: pourquoi était-il à la rue?  Qu'est-ce qu'il a fait pour en être rendu là? Était-il seulement un voyageur, un vagabond qui sillonne les quatre coins de la planète et que cette façon était pour lui le seul moyen de ramasser un peu d'argent pour reprendre le chemin de la liberté?

Perdue dans ma tête, il repasse et me lance:

- Un sourire avec ça? toujours de ses belles dents blanches.

Et me revoilà avec un sourire niaiseux accroché au visage.

Je sais que j'ai une poignée de change à quelque part. Je vais le regretter si je le lui donne pas. Comme je suis dans la seconde voie avant le terre-plain où il prend place, je me dois de trouver une méthode pour l'atteindre quand le feu passera au vert. Je repasse mon plan dans ma tête.

La lumière change de couleur, je coupe la dame de l'autre voie. Regard dans mon rétro, je constate que je suis un autre agent irritant de sa journée. J'men fou et je lance tout en roulant:

- Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeeey!

Tel un échange sportif, je lui donne les sous dans sa main. Nos doigts se touchent, l'électricité est de retour. J'ai envie de louper ma lumière pour lui poser tant de questions, mais je ne le fais pas.

- Bonne chance dude!

Et je vois dans mon miroir, un homme qui ne s'attendait pas à cette tournure d'événement.

Qu'est-ce qui aurait pu se passer si j'avais suivi mon instinct et que je m'étais arrêtée?


Peut-être lui aurais-je lancé, emmène-moi loin d'ici, car j'ai envie de vendre ma vie sur kijiji pour aller voir ailleurs si j'y suis.

jeudi 18 juin 2015

Je te cherche sur Tinder

Voici une ode pour toi, homme de ma vie...

Dans mes rêves les plus fous, je te tombais dessus par pure et simple hasard de ma maladresse. Dans les faits, nous nous sommes recroisés à nos retrouvailles de l'école secondaire.

Les jours ont passé...

Puis, ce fut le coup de foudre!

Une montagne russe digne des plus grandes émotions. Puis, le manège c'est arrêté. Tu es parti avec tes peurs comme simple bagage. J'ai longtemps pensé à toi, mais j'en suis venue à l'évidence, tu n'allais jamais revenir. J'étais libre de ton emprise et je pouvais enfin éclore.

Je revivais...

J'avais même rencontré cet ami qui m'aidait à guérir la blessure.

Puis tu as refait surface...

Je n'ai pas abdiqué sur-le-champ, car j'ai voulu te faire ressentir l'ignorance. La vengeance est une douce récompense. Le chemin fut bien souvent parsemé d'embûches, mais il y avait un soleil au bout de celui-ci. Nous avons appris à nous apprivoiser. Quand l'amour et le désir y es, il est plus facile de d'y parvenir. Ma plaît encore fraîche faisait souvent place à l'insécurité, mais de ta grosse main, tu prenais la mienne en guise de baume sur mon cœur. J'avais envie plus que tout de te faire confiance à nouveau et je voulais mettre de côté la peur continuelle d'être abandonnée.

Nous avons même appris à communiquer. J'ai toujours trouvé "kétaine" les conseils qui félicitaient la communication comme étant synonyme d'amour pour toujours, mais je constate aujourd'hui que la recette magique est composée de respect mutuel, de désir et de communication.

Je vivais enfin le roman que j'avais toujours souhaitée et j'étais fière d'avoir donné une seconde chance au coureur.

Jusqu'au jour de la grande noirceur.

Je mettais creuser un gouffre que même tes gros bras n'arrivaient pas à me déterrer.

Je m'enfonçais et tu me regardais sans rien faire. En fait, tu ne comprenais pas, car le fléau se passait à l'intérieur de moi, de la boule qui pesait sur ma poitrine, aux idées sombres que j'avais entre les deux oreilles en passant par mon corps qui s'était mis en veille. Physiquement, je ne ressentais plus rien et c'est à ce moment que je suis tombée en panne. Je n'avais plus aucun désir, je ne ressentais plus rien, car c'était trop me demander.

Où était passé les étreintes torride de nos retrouvailles?

C'est dans ses manques d'intimité que nous créons davantage la distance. Lorsque je succombais à l'idée de ta chair, j'étais ailleurs, loin du plaisir. Alors, même dans notre sommeil, dans mon petit lit, tu semblais être à des kilomètres.

Et puis, peu à peu, j'ai réussi à verbaliser le mal. je voulais guérir de cette blessure qui m'habitait depuis déjà trop longtemps. Je voulais m'en sortir. Par contre, l'éloignement y était toujours. Le goût de ta bouche et de ta chaleur sur ma peau ne semblaient toujours pas être au rendez-vous.

Comme je maîtrisais davantage la faculté de la parole, j'ai finalement réussi à te poser la question:

- Dans mon maque de désir, tu n'as jamais pensé aller voir ailleurs?

Je savais à l'intérieur de moi-même que l'action aurait pu se faire. En fait, je ne voulais pas nécessairement le savoir. La réalité aurait été trop dure à recevoir.

Puis tu t'es ouvert à moi.

- Je me suis ouvert un compte Tinder.

Par simple curiosité tu me diras, mais un "meet market" (ou "meat-market" si vous préférez) de la sorte donne comme réponse une certaine investigation. Sur le moment, je n'ai pas eu de réaction. Mon corps et mes sens étant toujours en vieille, il me prit plusieurs jours avant de ressentir une certaine forme d'insécurité, de colère.

Dans la vie, il se peut très bien, que sur une relation de plusieurs années, il y ait écart de sentier, par hasard. Si le geste est prémédité, planifier, c'est là que pour moi il y a faute. Si je ne plante pas de fleurs sur mon terrain, il ne sera jamais beau et ce, même s'il a un grand potentiel. Si je décide d'aller planter des fleurs sur le terrain du voisin c'est de tenter le diable et de choisir que mon terrain ne sera pas plus beau. Vous saisissez l'analogie. C'est ainsi que j'ai expliqué à l'homme mon raisonnement et...

Que j'ai commencé à le chercher sur Tinder puisque j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

jeudi 11 juin 2015

À toi qui refait surface...

Ce soir, je n'ai aucune envie de terminer ma recherche sur l'art contemporain. Tout comme l'UQAM, je suis en grève. J'ai plutôt envie de vivre pleinement mon insécurité le temps d'un laissé aller vers un éventuel lâché prise.

Aujourd'hui, je pensais que j'allais mourir. Mes jambes ont semblées vouloir s'enfoncer dans la terre tellement elles étaient lourdes et mon cœur c'est mis à battre de façon démesuré. Ce n'est pas vrai qu'après dix ans, tu vas refaire surface, angoisse. Toi qui a déjà eu des troubles d'anxiété, tu sais qu'après avoir réussi à surmonter le fléau, votre plus grande peur c'est d'avoir peur qu'elle se reproduise. Votre cœur bat très fort, la poitrine vous fait mal, vous vous sentez étouffer. Autour de vous, tout s’embrouille, les images deviennent floues ou semblent irréelles. Vous croyez subir une crise cardiaque, mourir, perdre le contrôle de vous-même ou le contact avec la réalité. Comme un coup de tonnerre, elle m'est tombée dessus et il a fallu que je me parle en crisse. Sans crier gare, au beau milieu de ma routine confortable.

Deux choix s'offraient à moi. Soit que je m'engouffre dans cette peur, soit que je me résonne et que je l'esquive.

- Stéphanie, respire... Ce n'est pas vrai qu'après tout ce temps de contrôle tu vas déraper.

Plus jeune, j'ai traversée cette tempête, celle qui te frappe de plein fouet au visage lorsque tu n'y en attend le moins. Confinée entre les quatre murs de ma chambre, car y en sortir demandais trop d'effort. En public, je m'accrochais à la personne qui me semblait le plus solide en la suppliant de  me sortir de là. Ma respiration redevenait normal qu'une fois dans ma chambre ou dans ma voiture, où je me sentais libre.

J'ai réussi à m'en sortir sans aide, seul avec moi-même.

Puis les années ont passé sans perdre le contrôle et ce, jusqu'à hier.

Un peu d'eau au visage et j'ai réussi à me ressaisir.

En revenant à mon poste, je remarque un nouveau message sur mon téléphone. C'était toi! Toi qui c'est reconnu dans mon dernier texte. Un message tout simple qui a agi comme un baume sur mes peurs.

À toi, qui c'est reconnu dans mon dernier texte, merci pour les mots d'encouragements...

Merci de nous faire rêvez dans votre voyage autour du monde...

Merci d'être si fabuleuse...

Merci de me faire croire que demain est une autre journée et qu'il est possible de vivre et voyager...

Par contre, la prochaine fois, n'hésite pas à le partager ici. Parce qu'ici, c'est pour toi, toi et toi!

Ce soir-là, j'ai décidé de ne pas travailler sur ma recherche. Je me suis mis au lit et je suis allée rêver de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

lundi 25 mai 2015

Alerte: épidémie de "fomo"

À force de dormir, j'ai réalisé que je ne rêvais plus.

Si je ne détenais plus cette faculté, à quoi bon me servait de dormir?
 
L'exutoire reste dans le rêve.

C'est alors que les épisodes d'insomnie sont arrivés dans ma vie. Une frustration supplémentaire que je cumulais à mon arc. J'en ai passé des nuits à regarder sur Facebook la vie, beaucoup plus palpitante que la mienne, des autres. Leurs vacances étaient plus intéressantes, leurs couples semblaient tout droit sorti d'un film d'amour et leurs quotidiens beaucoup plus rempli que le mien. Bref, " y'ont donc ben l'air d'avoir du fun s'te monde-là!"
 
C'est fou quand même de se rendre à l'évidence que Facebook est devenue une vrai plaie sociale. Il y a quelques années, nous n'aurions jamais parlé de cette grave épidémie de "fomo" ce « fear of missing out ».

Dans mon existence morne, je m'étais créé la maladie de la comparaison aux autres. Dieu sait que dans le passé, je me suis exposée sur les réseaux sociaux pour enjoliver mon quotidien. Depuis peu, j'ai cessé puisque de toute façon, " aujourd'hui ma vie c'est d'la marde".

J'ai commencé à en parler à d'autres et, heureusement, quand on se compare, on se console. Nous étions tous dans la même marde.

Souvent la nuit peut être longue lorsque nous n'avons pas sommeil. Par contre, elle peut devenir souvent inspirante.
 
Dans ma petite vingtaine, l'âge où l'espoir et les rêves inimaginables prennent forme, j'ai toujours eu cette utopie en tête: rencontrer celui avec qui je partagerais non seulement mes nuits, mais aussi ce rêve fou de tout lâcher et vivre dans nos "backpacks". Les années ont passées et le rêve a filé.
 
Par contre, dans mes nuits blanches, j'ai croisé sur mon ordinateur des personnes que je connaissais et qui ont pris en main leurs rêves. Une en particulier avec qui je faisais équipe de travail. Une fille sublime, belle, intelligente, ce genre de fille qu'on aime haïr. Celle qui réussit tout. Elle a décidé, il y a quelques mois de partir faire le tour du monde avec son copain. J'ai toujours envié cette fille. J'en ai même déjà fait une satire sur mon ancien blog. Rien de personnelle puisqu'elle est simplement géniale. De la simple et pure jalousie mal placée.  
 
Pourquoi cette fille ce ne pourrait pas être moi. J'ai commencé à regarder des magazines sur le voyage et découper ma grosse face afin d'en faire un montage.
 
Et là...
 
Je ne me souvenais plus de rien...
 
Je m'étais, finalement, endormi...

Donc, j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

mercredi 13 mai 2015

Je suis Stéphanie

Je ne me rappelle plus le jour où j'ai commencé à broyer du noir, ni même l'heure où l'endroit  précis. Ça nous prend toujours par surprise. Tout ce dont je me souviens c'est qu'il me semble que j'étais heureuse.

J'avais livré un long combat contre la cigarette et il me semblait que j'avais gagné. J'étais bourré d'ambition, j'avais des papillons dans l'estomac et j'avais la nette impression que tout ce que je touchais se changeait en succès.

Je me réveillais chaque matin en me disant que j'avais enfin choisi le bon chemin. Même ma thérapeute avait félicité mes progrès et nous commencions à espacer nos rencontres.

Je ne pouvais pas souhaiter une meilleure vie.

Je ne me rappelle plus la date précise, prise dans le tourbillon professionnel, mon cours à l'université et l'homme qui embellissait mes nuits, mais ce dont je me souviens c'est que je n'arrive toujours pas à pardonner. C'est immanquable, à tous les mois de décembre empilant les heures de travail en chantant des cantiques de Noël, j'oublie de manger convenablement et lorsque je m'accorde un instant de plaisir et ce, sans aucun abus, je suis malade. Ce n'est qu'une question d'habitude. On pourrait même parler de récurrence.

Par contre, cette fois-ci ce n'était que mon premier pas vers ma descente aux enfers, cet endroit où personne ne souhaite aller. Là où il est si difficile d'en sortir.

Ce ne fut pas un automatisme puisque le processus est souvent plus long. Tout ce dont je garde en mémoire c'est que l'éponge commençait à se remplir et qu'elle pesait peu à peu comme un énorme poids sur ma poitrine.

Dans mon plus vague souvenir, c'est à la mi-janvier que j'ai commencé à m'enfoncer. Sans aucun motif visible, je voulais m'éteindre et dormir. J'avais remis mon scaphandre, car je n'étais pas "game" de pleurer sans raison. À première vue, rien ne semblait cloché. Je me sentais comme un virevoltant qui avait amassé pas mal de "scrap" en chemin.

Je n'arrive pas encore à dire si c'est mon "pattern" qui se répétait, mais tout se dont j'avais en tête c'était de détruire: saboter ma lune de miel, succomber à mes pulsions de mort avec l'alcool et dormir pour ne déranger personne.

J'en suis venu à vouloir à la terre entière puisque personne n'arrivait à me comprendre. J'étais seule dans ma bataille. Lorsque j'avais la force de parler, je manquais de vocabulaire. Par contre, je maîtrisais à merveille l'adjectif irritant. Il me semble que tout était difficile à tolérer. Les seuls mots qui arrivaient à sortir de ma bouche: c'est trop pour moi.

La chute était déclenchée.

J'étais en crise. Rien ne semblait me correspondre. J'avais toujours la nette impression que je faisais tout en fonction des autres. Je n'arrivais plus à m'écouter, à savoir ce que j'aimais. J'ai amassé dans mon sac davantage de regrets que de victoires. J'en voulais à cette société de ne pas m'accepter dans ma différence, valeur que j'ai toujours prôner comme étant la beauté de la vie. L'unicité étant pour moi un cadeau que nous avons tous.

Bref, je n'étais plus moi, je ne me reconnaissais plus. J'étais devenu un fardeau non seulement pour moi, mais pour mon entourage qui commençait à se dissiper. Lorsque tu es de nature "boule d'énergie", les gens ont peine à croire que tu peux tomber.

J'avais l'impression d'être un personnage, de jouer un rôle qui n'était plus le mien.

Je m'étais perdu.

Je m'avais oublié.

À force d'analyse, je me suis fait mon propre diagnostique.

Je venais de m'apercevoir que j'étais clairement malade et ce, depuis très longtemps.

Je suis une maudite bi-polaire

Donc, j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

mercredi 6 mai 2015

Et le projet fut...

Il y a longtemps que je n'avais pas savourée un tête-à-tête avec l'écriture...

J'avais remisé ces délicieux moments en pensant gagner du temps. Quelques minutes par-ci, par là sans jamais me rendre à l'évidence: ici, c'est mon exutoire!

J'ai besoin de m'accorder cette plage dans mon horaire afin de philosopher voir de relativiser sur la vie. Je suis de ces artistes sans spécialités précises qui carburent aux remises en question et à l'être humain dans son habitat naturel. Bref, une sans cesse confrontation de ma petite personne face à la réalité.

Je me sens si souvent différente. En fait, je ne suis pas seule dans cette situation de trouver que je n'ai jamais rapport avec la vie. Je ne colle à aucune étiquette précise. Un jour je suis  mélancolique, l'autre, je suis hystérique et le surlendemain je peux soulever des montagnes. Bien souvent je m'épuise. Par contre, la beauté des choses réside dans la différence. Alors, voilà pourquoi je reste à dire que nous sommes tous dans le même bateau et qu'il n'y a pas que moi qui se sent ainsi.

Ici, ce sera non seulement mon exutoire, mais ce sera aussi un endroit où je pourrais laisser libre cours à mes questionnements et à mes réflexions. Un lieu où toi, qui m'inspire, tu seras la vedette, ton moment de gloire par ce que dans la vie, les inspirations sont sources de motivations.

L’idée mijote depuis un bon moment. Enliser dans une relation qui ne mène à rien, une carrière houleuse, j’ai l’impression d’être devenu une petite machine. Les bouffées de "joie de vivre" se font rares. C'est dans une omniprésence d’urgence de vivre entremêlée de cette incapacité à y accéder que le projet a pris forme.

Puis, un jour, je me suis posée les vrais questions: Qui n’a jamais rêvé changer de vie?  Tout laisser tomber et repartir à zéro.

Est-ce encore possible aujourd'hui où le système a eu raison de nous?

Qu'est-ce que la véritable définition du mot "vivre" à notre époque?

Bref, j'ai envie de méditer sur une multitude de sujets d'actualité et non seulement sur la vie de couple, qui à mon avis à trop souvent été exploité.  

 Je veux comprendre qu'est-ce qui nous empêches de sauter du tremplin.

C'est alors que j'ai compris que je m'étais clairement perdu en chemin. Donc, j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!