mercredi 24 juin 2015

Devrais-je partir ou bien rester?




Les fenêtres ouvertes, l'air chaud de l'été qui me flatte le visage, les cheveux dans le vent, je roule direction la banlieue.

Je me sens libre.

L'instant d'un moment puisque je serait prisonnière d'un autre embouteillage. C'est la cohue niveau circulation pour sortir de Montréal de ce temps-là.

Je m'évade sur l'air de cette mélodie, chantant à tue-tête et m'abandonnant à mes rêveries. Je n'avais aucune envie de briser mon petit bonheur de quiétude et vivre la frustration de la congestion comme certain visage crispé que je croise dans mon rétroviseur.

- Un petit rafraîchissement mademoiselle? dit un squidgy au passage en me ramenant à la réalité, le maudit trafic.

Je vais encore me faire solliciter. Je travaille assez fort pour mon argent et je compte toujours mes sous pour pouvoir me permettre un café "to go" chaque matin.

Quand je me lève les yeux...

Il est là, squidgy à bout de bras. Étonnamment, il n'a pas l'air crasseux ni dégoûtant. Bien au contraire, il a un sourire sublime, une carrure imposante et un visage magnifique.

J'ai senti à l'intérieur de moi, la foudre, et clairement, mon sourire niaiseux me trahissait.

- Non merci!

Ben voyons, tu ne peux pas avoir un béguin pour un suidgy, niaiseuse! Puis, je me suis posée la question: pourquoi était-il à la rue?  Qu'est-ce qu'il a fait pour en être rendu là? Était-il seulement un voyageur, un vagabond qui sillonne les quatre coins de la planète et que cette façon était pour lui le seul moyen de ramasser un peu d'argent pour reprendre le chemin de la liberté?

Perdue dans ma tête, il repasse et me lance:

- Un sourire avec ça? toujours de ses belles dents blanches.

Et me revoilà avec un sourire niaiseux accroché au visage.

Je sais que j'ai une poignée de change à quelque part. Je vais le regretter si je le lui donne pas. Comme je suis dans la seconde voie avant le terre-plain où il prend place, je me dois de trouver une méthode pour l'atteindre quand le feu passera au vert. Je repasse mon plan dans ma tête.

La lumière change de couleur, je coupe la dame de l'autre voie. Regard dans mon rétro, je constate que je suis un autre agent irritant de sa journée. J'men fou et je lance tout en roulant:

- Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeeey!

Tel un échange sportif, je lui donne les sous dans sa main. Nos doigts se touchent, l'électricité est de retour. J'ai envie de louper ma lumière pour lui poser tant de questions, mais je ne le fais pas.

- Bonne chance dude!

Et je vois dans mon miroir, un homme qui ne s'attendait pas à cette tournure d'événement.

Qu'est-ce qui aurait pu se passer si j'avais suivi mon instinct et que je m'étais arrêtée?


Peut-être lui aurais-je lancé, emmène-moi loin d'ici, car j'ai envie de vendre ma vie sur kijiji pour aller voir ailleurs si j'y suis.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire