dimanche 7 février 2021

Ma vie en monochrome de gris.

« Il faut que j’écrive. J’écris parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. J’écris parce que c’est mon seul talent. Il est impératif que je ponde une suite de mots fascinants au sein d’une structure formidablement singulière (…) Sinon, ma vie pourrait tout aussi bien s’arrêter ici. Sinon, je ne sers à rien. Sinon, je ne suis rien. »[1]

Toujours dans l’optique de réécrire le film de ma vie, j’arrive à me gérer depuis quelques jours. J’ai recommencé l’entrainement et j’ai une alimentation quasi normal composée de soupe Gatuso et de soupe Lipton. Je travaille mon apport en sodium. Je « run » deux « kit » de mou, un noir et l’autre en monochrome de gris. Je prends bien soin de les laver régulièrement et comme ça, j’ai juste à les alterner. Wow! Qui m’avait dit que la vie de célibataire pouvait être si simple.

Je passe beaucoup de temps avec une amie que j’avais perdue de vue, mais qui habite maintenant dans mon quartier, MC. Elle est super-rafraichissante et « bubbly ». Elle m’apprend les bases du célibat à l’air de 2021. Déjà que j’en avais manqué un bout, en pleine pandémie on en reparlera. Pour revenir à MC, elle m’aide à passer à autre chose, mais surtout, elle m’aide à penser à autre chose. Pi des fois, on boit un peu de gin tonic assis sur le tapis du salon. Pi des fois, on boit un peu trop de vin et on va se coucher à 19 heure. C’est parfait ainsi.

Je me suis encore réveillé en pleine nuit hier. J’ai hésité à reprendre du vin rouge. Je me suis dit : « ça fait un mois… st’assez… » Faque je suis allé cacher le vignier de rouge afin que j’oublie que cette possibilité existe. Un beau 4 litres cuvée spéciale qui se boit tout seul et qui ne donne pas mal à la tête que mon ami Dom a laissée ici. On passe maintenant aux tisanes relaxantes. Je ne pense pas que la tisane relaxante fait radoter, en tout cas je l’espère. Je suis pas mal tanné de me poser les même questions en boucle:

Est-ce que je le connaissais vraiment?

Est-ce qu’il m’aimait?

Est-ce qu’il ne m’aime plus?

Du cul, c’est du cul… qu’est-ce qu’il lui a traversé l’esprit?

Est-ce qu’il regrette?

Pourquoi les traitements hormonaux?

Pourquoi il ne m’en a pas parlé avant?

Quand est-ce qu’il va revenir?

C’était quoi ses 10 ans là?

Pi il est pas mal temps que je le vide mon sac à marde comme il le faut, pas juste en surface. Fait que je vais prendre congé du vin jusqu’au prochain « party » et je vais boire des eaux calmantes pour me relaxer les méninges. Sage décision de ma part.

J’apprends encore l’espagnol à l’occasion. J’ai mis un frein là-dessus parce qu’il est vraiment trop gentil et clairement, je ne suis pas prête à m’investir dans rien. Je lui ai fait croire que j’avais la grippe. J’ai aussi envie d’avoir quelques choses à lui dire la prochaine fois que je vais le revoir. J’ai encore de la difficulté à me lever le matin car il n’y a aucun sens à ma vie et que j’ai le TDAH dans le tapis. J’ai encore perdu mes gants pour la Xiem fois et je dois faire comprendre que pour moi c’est réellement essentiel en montrant mes mains mauves. Donc, retourner au travail n’est toujours pas une option considérable. Je veux me donner la chance d’exister, de laisser la poussière retombée et de me retrouver pour une fois en tête à tête avec moi-même. Je le sais que ça s’en vient.

Alors, je ressors mon « kit » de monochrome de gris en me prenant pour une milléniale de 38 ans avec mes beaux souliers blancs dans la « sloche » pi j’aime ça. Je me sens bien dans ce personnage qui se cherche et je me trouve belle, même en mou. Ça fait du bien de pouvoir se soigner tranquillement.

Ok! Ça fait juste un mois et il y a probablement un peu de mon ego qui entre en ligne, mais je sais clairement que le pire est passé. J’accepte de ne pas avoir réponse à mes questions, mais je suis capable de trouver les miennes de mon côté. J’accepte de devoir prendre un moment de recul, une pause, car je suis loin d’être guérie et qu’il y a encore des épreuves assez difficiles qui s’en viennent vu la santé de mon père. J’accepte d’avoir mis un gros X sur le projet des bébés et qu’à la place je vais avoir des bébés abdos. J’accepte que je vais avoir à gérer mes émotions montagnes russes et que c’est normal qu’il y ait des journées plus difficiles que d’autres. Pi tout ça, j’accepte que ma vie soit en monochrome de gris.



[1] Demers, Marie, Les désordres amoureux, éditions Hurtubise inc. Montréal, 251 pages.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire