J’ai l’impression que je vis un film. Le personnage que je joue c’est le mien… Titubant, je marche droit devant. Je réalise que maintenant, plus rien ne nous rattache. Notre maison n’est plus la nôtre… Pourtant, il y a mes « bobby pines » d’imprimer sur le comptoir en guise de marquage de territoire. Mais bon, demain ce ne sera plus chez « nous ».
Je continue de marcher vers mon appartement, j’entends toujours
mes pieds sur la neige et je me sens calme. Il y a la trame sonore de mon
film en « background ». Dans cette histoire un peu triste, un moment
donné la musique finie par te parler peu importe le poste que tu syntonises. Je
me demande si ce sera un bon film?
Je cherche quelle émotion je devrais avoir. Malgré les
quelques verres, je ne sens absolument rien. Je suis prisonnière de ma tête qui
repasse en boucle les scénarios possibles. Il y en a des beaux et d’autres
tristes, comme de bons et de mauvais souvenirs. Il y aura probablement beaucoup
de « flashback » car le passé quand tu le regardes bien comme il le
faut n’est vraiment pas si pire, même peut être très beau.
Pour l’instant, le son de mes pas sur la neige m’apaise.
C’est réellement agréable à quelques minutes du couvre-feu. Les rues sont
désertes. Il y a juste moi, mes réflexions et mon manque d’émotion. J’aurais
marché toute la nuit si cela avait été permis.
Je vais faire tout de même le tour du bloc pour étirer ce
moment de paix. En me disant en boucle : Tu mets toute ton énergie dans
quelques choses, ça devient le centre de ta vie et après… rien… Qu’est-ce qu’il
y a après rien? La douleur est partie pour faire place à la solitude. Malgré le
fait que je me sens un peu plus légère, il y a quelque chose sur quoi je ne
suis toujours pas capable de mettre de mots. Alors, je me concentre sur le son de
mes pas sur la neige et je me sens bien.
Dans mon film, je reprends possession de ma vie et de ce qui
m’appartient. Je suis le personnage principal et je crois que c’est déjà un bon
début. C’est probablement là que l’histoire va commencer avec en
« background » une « playlist » d’Alexandra Streliski, de Charlotte Cardin et le
son de mes pieds sur la neige, un début doux et timide. Une personne qui se
relève tranquillement. Pi avec cette musique-là, ça « fit » en « crisse ».
C’est doux, c’est mélodieux et ça fait du bien. Exactement comment je dois me
traiter en ce moment. Ça reste toujours plus facile à dire qu’à faire… À partir
de maintenant, je dois me mettre au centre de mes priorités et prendre soin de
moi. C’est pas mal là que je suis rendu. Je me suis fait assez de mal comme ça.
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