Je n’avais jamais vécu un état de choc comme celui-ci, sorte de crise. Aucun contrôle, tremblement, étourdissement, je ne voyais vraiment plus clair. Complètement ingérable, j’étais seule. Je n’avais pas dormi depuis 3 jours et à peine mangé quelques choses de consistant. J’étais faible et vulnérable. La seule chose qui me semblait évidente, c’est que je voulais mourir, que le fait d’en finir ferait beaucoup moins mal. J’ai même enligné les couteaux durant un instant. J’ai tout de même eu une pointe de décence et un minimum de force pour appeler mon père afin qu’il vienne me chercher. La vie est tout de même bien fait, j’avais rendez-vous chez ma thérapeute cette journée-là. Par chance, je ne sais vraiment pas où tout cela aurait pu mener si mon père ne serait pas venu me chercher. Maintenant, les couteaux sont bien cachés dans le fond d'un tiroir afin que je n’ai pas à affronter leurs regards.
Je me pose encore mille questions et je me demande
réellement ce que la vie veut m’apprendre car elle est en train de m’effriter
en chemin.
Je pensais que le jour où j’allais apprendre que tu
souffrais, j’allais être « fucking » heureuse…
J’ai eu droit à l’effet contraire. Un beau recul de trois
semaines en arrière la face sur la céramique de ma cuisine. Je ne pensais pas
qu’il pouvait encore me rester des larmes. Je relis nos messages et je trouve
cela pathétique : Deux êtres humains brisés, séparés à des endroits où ils
ont été un jour ensemble heureux. Tant de rêves que nous devons mettre de côté
et pire encore, simplement les oublier.
Un peu plus d’un mois est passé depuis mon arrêt de travail.
Fallait je me repose…
À place, j’ai l’impression d’avoir vieilli de 4000 ans. Les
journées se suivent et se ressemblent. Depuis quelque temps, je fais des
drôles d’affaires. Clairement, je manque de focus et j’ai le TDAH dans le
tapis. J’oublie pratiquement ce que je viens de faire. J’ai même failli mettre
le feu à mon appartement. J’étais allé me couchant en oubliant toutes les
chandelles allumées. Cette semaine, personne ne va venir me faire à manger. Ça
tombe mal, pour une fois, j’ai faim. Je vais devoir me gérer. Bien honnêtement,
rien de facile. J’ai recommencé à pleurer la journée que j’ai compris ta
douleur. Maudite compassion, maudite empathie, maudite amour. Mon visage garde
les marques creusées et me rappelle que je suis loin de m’être relevé et que le
chemin semble encore trop long. Ce n’est pas la volonté qui manque, mais je n’y
arrive toujours pas. Je vis ma vie par intérim depuis déjà plusieurs jours.
Je pensais que le jour où j’allais apprendre à vivre avec
moi-même, j’allais être « fucking » heureuse…
Dans la journée, je réussis à fonctionner. J’essaie de
prendre le temps de prendre du temps. C’est tellement long, mais j’y arrive.
C’est souvent en soirée que tout se corse, un cocktail molotov d’émotions qui
passe de la tristesse à la douleur ou de colère à l’incompréhension. Puis là,
rien ne devient cohérent et je recherche une réaction. C’est là que je touche
le fond. Honnêtement, aujourd’hui, je t’ai bloqué. Je ne peux plus de me faire
mal comme ça. Il y a des limites à la flagellation et aussi je me répète que
tout ça ne sert à rien. Je le sais très bien. Tu ne reviendras pas.
Je pensais que le jour où j’allais apprendre comment
t’effacer, j’allais être « fucking » heureuse…
En me levant ce matin, j’ai décidé que s’en était assez. Je
l’ai pas juste trouvé le bas fond. Je l’ai vécu solidement à ne plus me
reconnaître. Il y a des limites à l’autodestruction. Ce que tu as appelé ton
grand amour ne t’a pas respecté. Il a pensé simplement avec sa graine. Il ne
s’excusera pas. Ben trop lâche pour affronter ton regard. Il n’est pas à la
hauteur. Il a toujours pensé que me faire plaisir c’était vraiment difficile.
Pourtant, je me contentais de bien peu : une bague en plastique, un gros
poil de ses sourcils dans une carte, un petit message caché ( que je trouve
encore et que je prends soin de bien rangé dans une boîte sur une tablette de
ma garde-robe afin de ne plus les trouver) ou un petit bisou avant que tu
partes travailler… Je n’avais pas besoin de plus. Je lui ai donné jusqu’à
maintenant beaucoup trop d’importance. C’est à moi que je devrais penser, c’est
pour moi que je devrais me faire du mauvais sang. Mes amis me le répètent. Je
suis bien à la vieille de les croire.
Je pense au jour où je vais avoir oublié et je vais être "fucking" heureuse.
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