Dans quelques jours, l’année sera terminée… Pis des fois, je pense que je suis bipolaire.
J’ai vécu à fond ma sobriété et maintenant, c’est le temps
des festivités. Mon seul désir, terminer cette année, m’amuser, oublier, pis
enfin me dire que j’ai passé à travers la feuille de papier.
J’ai le syndrome de la page blanche depuis quelques
semaines. J’ai du mal à mettre en ordre les mots dans ma tête. C’est devenu une
succession d’images, d'odeurs et de sentiments. De beaux souvenirs, mais aussi des
souvenirs qui font mal. Mon coeur qui veut être léger et mon cœur qui veut se protéger.
J’ai beaucoup perdu dans les derniers mois. J’ai beaucoup
souffert aussi. J’ai surtout tellement gagné. Mon sentiment de gratitude est
tellement fort, ma résilience l’est encore plus. Pis il y a cette foutue pandémie qui me rappelle que je suis une fucking résiliente maganée.
Je me répète souvent qu’il n’y a rien de pire qui pourrait
m’arriver…
Dans quelques jours, l’année sera terminée et tout ça sera
derrière moi... Pi des fois, je pense que je suis bipolaire.
À pareille date l’année dernière, je commençais tranquillement ma descente aux enfers. Une chute qui fut abrupte. J’ai même voulu mourir. La
souffrance et la peine étaient beaucoup trop intense. Je ne pensais pas qu’il était possible d'avoir aussi mal. Ma vie n’avait plus aucun sens. En fait, la vie que j’avais
venait de se terminer brusquement.
Pis, j’ai caché les couteaux de la cuisine. J’ai eu peur de
ce que j’étais capable de me faire…
Même si j’étais couchée par terre, la face sur la céramique
de la cuisine, en dedans, ça bouillonnait. J’avais encore la capacité de me
relever, pousser par cette force surnaturelle.
Pis je l’ai fait. C’est arrivé assez rapidement. Je me demande parfois comment, mais je l’ai fait. Je suis encore debout aujourd’hui.
J’ai enfermé ma peine dans une petite prison à l’intérieur
de ma cage thoracique. Un endroit où elle ne pourrait pas revenir. À
l’occasion, je vais encore la visiter pour y ajouter un pansement dessus. Le
temps a fait son œuvre et j’ai commencé à guérir.
Mes deux mois de sobriété m’ont fait le plus grand bien.
J’ai finalement vu clair. Mes idées étaient davantage organisées. Je me sentais
revivre. Je sentais les étincelles. J’étais revenue à moi-même avec mes papillons dans le ventre pour rien, ma succession de 11:11 pis mes coeurs partout, partout. Ou était-ce seulement mon pic de
bipolarité?
Dans quelques jours, l’année sera terminée et ça commençait à
bien aller.
Je l’ai reçu comme une claque en pleine face. Il avait
refait sa vie rapidement comme si je n’avais jamais existé, comme s’il ne
m’avait pas émietté le coeur. Comme si… de rien était, comme s’il n’avait rien
fait de mal. Comme si…
Je suis tombée dans la noirceur de novembre. Seule…
Ce n’était ni de la douleur ni de la tristesse. C’était
quelque chose, mais ce n’était rien. Je pense que c’était bipolaire.
Ma résilience a décidé de prendre une pause et d’être en
crisse. Puis, elle est devenue bff avec l’orgueil. Un match malsain.
Heureusement, je n’ai pas succombé à l’alcool.
J’avais juste une envie, d’être en crisse. Fâchée qu’il s’en
sorte bien et que ce soit encore moi qui sois en train de recoller les morceaux
cassés, en mode reconstruction. Fâchée que ça finisse bien pour lui et que ce
soit encore moi qui vive des montagnes russes.
Pourtant, je n’envie pas du tout cette fille. Je pense que
je suis bipolaire.
Dans quelques jours, l’année sera terminée et ce fera un an.
J’ai le syndrome de la page blanche depuis quelques
semaines. J’ai du mal à mettre en ordre les mots dans ma tête. Je n’ai surtout
rien à raconter. Je travaille comme une défoncée. Je ne « date » même
pas. Je n’ai plus de « back up » de chaleur humaine, je les ai tous ghoster. En prime, je suis épuisée de toujours radoter les mêmes histoires. Alors, à la question « pis quoi de neuf » je lance rapidement « ben
tranquille ».
Après le dernier épisode de mon père, je me suis enfermée
dans la petite prison à l’intérieur de ma cage thoracique avec ma peine. Il
faisait noir. J’ai collé un autre pansement. Puis, j’ai décidé d’ouvrir la
lumière. J’ai regardé ma peine. Je l’ai serré dans mes bras. Je l’ai accueilli. Cette fois, le coup était moins dure.
Lorsque l’on enchaîne ainsi les fragilités, on débouche sur
une force.
J’ai finalement fait le tour. J’ai vécu toutes les premières
fois accompagnées de moi. Je me suis même préparée au pire, je suis devenue un
ordinateur en vieille. J’ai vécu à fond ma sobriété et maintenant, c’est le
temps des festivités. Mon seul désir, terminer cette année, m’amuser et passer
à autre chose.
Cette année, j’ai souvent pensé que j’étais bipolaire. En
fait, je suis loin de l'être. J’étais seulement en peine d’amour.
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